La transhumance a commencé

Ils font quoi là ils s’entraînent ?
Non, ils ont déjà commencé

Pilote du projet :
02.05.09 : Place des Grottes, Genève Duo avec John Menoud (guit) : Bourse aux vélos


Le quartier des Grottes à Genève est divisé en ilôts. Celui ou j’habite depuis 23 ans - l’ilôt 13 est donc selon les plans du cadastre le treizième du quartier.

La place de Grottes c’est le centre. Le point de réunion entre tout le quartier. De jouer là-bas, c’est un peu comme se produire à la maison.

Sur le contrat reçu de l’Association Pré en Bulle, c’est écrit : brunch musical, Bourse aux Vélos. Ce qu’il y a de sympa c’est que comme les gens connaissent mon travail et que le défraiement est mini c’est une mini carte blanche qu’on me propose et j’en profite pour expérimenter, créer de nouvelles rencontres.
Une semaine avant. Pof je tombe sur John Menoud à la Buvette des Cropettes. John on se connaît un peu, pas plus que ça. Entendu : plein defois mais jamais joué ensemble, croisé : souvent, discutaillé au coin d’une table de bistro qq fois. Je le charie sur le sweat qu’il porte : Pierre Omer son vieux copain de zique. Le lendemain recroisé au même endroit : autre tee-shirt : hells kitchen d’autres copains musiciens à lui et à moi.
Et là tilt : on déconne, t’es un vrai groupie fashion victim. C’est mes potes. Tiens voilà ti pas une bonne idée : se faire de la pub mutuellement.

Je fais un tee-shirt avec Béatrice Graf, tu le porterais ? oui.

Tu fais quoi le 2 mai. Rien : tu veux venir jouer à la place des Grottes en duo avec moi. Oui. Ok On se fait un tee-shirt l’un pour l’autre : moi pour toi, toi pour moi RV le 2 mai. Chiche ! quelle taille tu mets ? quelle couleur ? Blanc ok ! Concept, concept quand tu nous tiens…

Rendez-vous sur place équipe technique — son caméra et musiciens — choix du spot 5 min. Décision : on s’installe devant l’atelier mobile de de réparation de vélos Péclot 13-Pré en Bulle. La chance est avec nous : il ne pleut pas, il n’y pas pas de vent (même avec des zycottes — en peau de lapin pour les miscors : le must — impossible d’enregistrer du son valable s’il y a du vent. Réglage du son, réglage caméra, s’installer, trouver du jus pour la guitare puis le moment fatidique : l’échange des tee-shirts : je lui avait dit L version fille et j’ai eu un L version garçon.

Parfait comme pyjama ou version 80ies revival avec les leggings en dessous.

Il m’avait dit XXL garçon, j’ai pris XL et cela lui allait très bien.

Le caméraman Tareq nous a dit : le blanc n’est pas une bonne couleur pour la caméra. Si vous voulez porter du blanc trempez d’abord vous habits dans du thé pour atténuer l’intensité. Fin de l’installation des musiciens, du studio son et de la caméra, une petite bière pour la soif et c’est parti !

D’habitude pour ce genre d’animations de rue je propose un petit groupe groovy. jazzy on funky et tout le monde est content. En faisant appel à John Menoud pour ce mini blanc seing je savais ce qui nous attendait : une démarche artistique pointue, exigeante, singulière… par juste une millième version anémique ou approximative de bossa nova ou de standard de jazz Composition instantanée = 100% d’implication. Cette musique qui se pratique en général dans des lieux consacrés (festivals ou salles de concerts) on la sort dans la rue.

« Ils font quoi là ils s’entraînent ? Non, ils ont déjà commencé » oui effectivement Monsieur nous avons déjà commencé. En 2 phrases le diktat de la normatisation-lobotomisation star acc ne passera pas par moi. Pas de problème avec le sirop ( j’ai même un groupe qui ne fait que ça : du sirop : le karaorchestre, orchestre live de karaoké. Et je me souviens bien que mes premiers cachets à 19 ans c’est — comme particia kaas — avec un groupe de bal que je les ai fait. Et que d’écrire une belle mélodie est une des choses les plus difficiles qui soit. La question est ailleurs. Dans cette omniprésence de la consommation. On consomme de la culture comme tout le reste : on bouffe de la merde qu’on nous vend comme qq chose de bien. Peu importe que ce que tu fasses soit bien (de qualité) ou pas, tant que tu la vends bien. Libre rester libre comme dit la chanson…

 

La vieille dame je ne la connaissais pas. A la fin du concert, elle est venue me parler. Son mari décédé lui avait laissé des feutres pour fabriquer-réparer les mailloches : il était percussionniste classique et c’est avec plaisir qu’elle m’offrirait son stock dont elle n’avait pas l’utilité. Je n’avais qu’à passer chez elle.